TELL ALGÉRIEN

TELL ALGÉRIEN
TELL ALGÉRIEN

TELL ALGÉRIEN

Le terme arabe «tell» (hauteur) désigne au Maghreb toute la frange «utile» des reliefs proches du littoral, il s’oppose au Sahara (sahara : «désert») incluant les Hautes Plaines steppiques. La tradition ne l’applique donc pas au Constantinois, où, entre montagnes méditerranéennes et désert, les Hautes Plaines et l’Aurès restent très cultivés. Pour les géologues, le Tell est assimilé à l’arc plissé qui affecte, avec le Rif, plusieurs séries jurassico-crétacées dont le charriage vers le sud sur les plis de couverture plus rigides de la zone atlasique forme limite entre les plaques européenne et africaine, en Oranie comme dans l’Est. L’activité tectonique s’y poursuit: elle affaisse les plaines côtières et multiplie les risques de séismes (à Chélif en 1954 et 1980, au Chenoua en 1989). L’acception courante du Tell s’applique à la bande grossièrement zonale de reliefs contrastés, élargie vers l’est, entre littoral et Hautes Plaines, où le climat méditerranéen, à saison estivale sèche plus marquée que dans l’intérieur, connaît une pluviosité moins inconstante, suffisante pour entretenir une végétation forestière et permettre une culture sèche rentable.

Ainsi défini, le Tell algérien inclut: à l’ouest, les causses atlasiques de Tlemcen, Dhaïa, Saïda, Frenda; au centre, l’Ouarsenis et les Biban; à l’est, les versants frangeant; au nord, les Hautes Plaines constantinoises. Large de 80 à 120 kilomètres, il s’étire sur plus de 1 000 kilomètres le long du littoral. À l’ouest de la Mitidja et sur tout l’Oranais, plaines côtières (Macta) ou sublittorales (Mleta, Chélif) et bassins intérieurs (Mascara, Sidi Bel Abbes, Tlemcen) s’insèrent entre de moyennes montagnes aux pentes généralement fragiles (Ouarsenis, Beni Chougran, Tessala, Trara). L’Est y oppose les montagnes des Kabylies et du Constantinois, où des chaînes calcaires élevées (Djurdjura, Babor) séparent d’amandes cristallines littorales les versants schisteux de l’intérieur. Si, à l’ouest, les basses plaines d’Oranie connaissent une relative aridité (moins de 300 mm de précipitations annuelles) et une végétation naturelle fragile, les massifs constantinois qui reçoivent jusqu’à 2 mètres d’eau par an près de Collo, ont conservé un couvert forestier étendu (chêne-liège)

Les conditions de vie opposent avant tout plaines et montagnes; celles-ci, conservatoires historiques surpeuplés dans l’Est — surtout en Kabylie —, mais aussi localement en Oranie (Trara), voient de plus en plus l’ancienne polyculture d’auto-consommation délaisser les terroirs — désormais la proie de l’érosion ou voués au morcellement —, ce qui s’accompagne d’un déplacement de la main-d’œuvre vers des secteurs non agricoles, aujourd’hui en crise (comme le bâtiment), et de l’apparition aux abords des villes d’îlots de productions spéculatives (maraîchage sous tunnel plastique, aviculture hors sol). La grande culture des plaines, naguère partagée entre monocultures viticole, agrumicole, oléicole et céréalière, était passée des colons et grands propriétaires aux domaines d’État et aux coopératives de la «révolution agraire». «Restructurée» dès 1985 en exploitations collectives ou individuelles, objet, depuis 1987, de convoitises conflictuelles des anciens possesseurs, des cadres et des attributaires dans le cadre des privatisations, elle subit, depuis lors, des évolutions contrastées selon les capacités d’investissement de leurs nouveaux exploitants; intensifiée — comme en montagne —, près des marchés urbains multipliés par l’industrialisation puis la tertiarisation, elle reste mécanisée et extensive dans ses aires céréalières, désormais plus sensibles aux fluctuations des cours qu’à la satisfaction des besoins nationaux.

Avec près de 19 millions d’habitants en 1995 répartis sur 93 000 kilomètres carrés (4,2 p. 100 du territoire), soit un peu plus de 204 habitants au kilomètre carré, le Tell algérien, où se trouvent les quatre villes les plus importantes du pays (Alger, Oran, Constantine et Annaba), connaît un accroissement démographique analogue à celui d’autres zones: 69,7 p. 100 de la population du pays s’y concentraient en 1966; 69,2 p. 100 en 1977, et le même pourcentage en 1995. Comme dans l’ensemble de l’Algérie, le taux de population urbanisée augmente, à un rythme moindre toutefois: alors qu’en 1966 et 1977 la proportion y était supérieure à la moyenne nationale (37 et 44 p. 100 respectivement), en 1987 elle était équivalente à la moyenne (69 p. 100); cette évolution s’explique par la diffusion de l’industrie dans les années 1970, suivie par le développement des services dans les Hautes Plaines aussi.

Pour ce qui est des équipements légués par la colonisation, les contrastes entre le Tell et les Hautes Plaines n’ont pas été effacés, d’autant que les montagnes imposent des surcoûts importants à toute réalisation. En outre, le désengagement de l’État après 1980 a accéléré une urbanisation spéculative peu productive. La crise des années 1990 n’en a que davantage touché les habitants du Tell, et les frustrations dans les banlieues ont contribué à nourrir l’intégrisme islamiste, dont la violence s’exerce sur les personnes comme sur les équipements industriels, sociaux et scolaires.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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